CUNT
Cunt. En français on peut le traduire par “salope”. Un mot vulgaire donc, employé par beaucoup de masculinistes pour parler des femmes qu’ils méprisent. Sauf que cunt est en train de changer de signification grâce aux réseaux sociaux.
A commencer par Twitter. Sur la plateforme, on peut voir des milliers de tweets avec la photo d’une célébrité en disant d’elle “serving cunt”. Mais là, ce n’est pas pour la critiquer, mais au contraire pour dire que c’est une boss, une queen, qu’elle est au top. Serving cunt va être utilisé pour décrire aussi bien une photo de Timothée Chalamet qui pose pour Chanel, que pour parler de Rachida Dati qui a l’air hautaine sur une vidéo. Le terme décrit aussi bien des femmes, des hommes et toutes les orientations sexuelles.
« Cunt » est passé d’une injure à un mantra. La preuve, lors du premier concert de sa tournée mondiale, Beyoncé a performé dans un décor de faux plateau de chaîne télé. Et sa chaîne s’appelle… Cunty 4 news. La photo a fait le tour des réseaux, partagée plus de 300 000 fois. Forcément, si c’est validé par Queen B, c’est tout un symbole.
Cette utilisation de « cunt » de manière positive ne date pas d’hier. Comme le relève le magazine Rolling Stones, le mot cunt a surtout émergé dans les milieux LGBTQIA+. Notamment chez les drags queens. Parce qu’au-delà d’être l’insulte qu’on connait, cunt veut aussi dire chatte. Et dans les années 90, il était donc très utilisé par les drags pour dire qu’elles aussi avaient de la “chatte”, comme on dirait qu’un mec a des couilles. Elles se sont réapproprié ce mot. Un mot qui leur faisait peur, avec lequel on les harcelait pour justement le renverser et l’utiliser pour montrer leur pouvoir.
Et c’est encore le cas aujourd’hui. Exemple avec Rupaul, la drag queen la plus célèbre du monde, connue pour sa télé réalité Ru Paul Drag’s race multi récompensée et adaptée en France. En 2017, elle a sorti une chanson intitulée « Charisma, Uniqueness, Nerve, and Talent », et les initiales de chaque mot forment le mot CUNT. Un pied de nez aux détracteurs car elle utilise justement que des adjectifs positifs pour former ce mot.
C’est intéressant de voir que ce mot et sa nouvelle signification sont repris par le grand public aujourd’hui. Ca fait écho à la vague féministe post metoo qu’on est en train de vivre sur les réseaux.Pour l’instant ce n’est que le début, et il faut continuer dans ce sens car comme je le disais au début, ce mot est aussi une incarnation pour les masculinistes et misogynes en tout genre, utilisé pour décrire les femmes. Car cunt n’a pas de pendant masculin. Un mec salaud ne veut pas dire la même chose. Du coup ils l’utilisent à tout va. Ça a été le cas de l’ancienne star de Fox News… Tucker Carlson… Des messages privés ont montré qu’il avait traité de cunt sa supérieure.
Et du côté des influenceurs masculinistes à la Andrew Tate, c’est tout un langage qu’ils mettent en place autour de ce mot et de ses dérivés. Une fille est une cunt quand elle a un décolleté, quand elle trompe son mec, quand elle a un compte Instagram alors qu’elle est en couple… Toutes les excuses les plus sexistes sont valables. De la dégradation en bon et due forme aux millions de likes.
Cette tendance du « serving cunt » est donc plus importante qu’on ne le pense, et ne sert pas qu’à créer des gifs marrants pour internet. Derrière c’est tout un système sexiste qui est en train d’être invisibilité. Qu’on soit tous et toutes des cunts du coup.
